- Mathias Matallah
#PlusJamaisCa : l’État de droit bafoué
Nous avons été confrontés depuis la mi-mars à la plus formidable agression contre nos valeurs démocratiques depuis 1940. J’en donne ici ma perception, basée sur mes valeurs et mon attachement viscéral à la notion d’État de droit.
Les Français face à un coup de force 'sanitaire'
En quelques semaines, notre vieille démocratie, patrie auto-revendiquée des droits de l’homme, s’est muée en un État policier dans lequel nous avions besoin de pas moins de 6 formulaires différents pour sortir de chez nous. Un état d’urgence sanitaire, donnant au gouvernement des pleins pouvoirs d’un autre âge, a été instauré pour habiller cette sinistre mascarade et lui donner un minimum de vernis juridique.
En parallèle, nos médias, les chaînes d’information en continu en tête, se sont transformés en vulgaires outils de propagande utilisant pour nous terroriser et nous culpabiliser des méthodes de manipulation de masse et de lavage de cerveau développées dans la première moitié du XXème siècle quelque part entre Berlin et Moscou. Beaucoup de professeurs de médecine éminents, unanimement respectés auparavant, ont colonisé les plateaux de ces médias pour y répandre un discours de haine et d’intolérance visant à diaboliser toute forme de liberté individuelle.
Qu’avons-nous fait collectivement face à ce qui ressemble à s’y méprendre à un coup de force ‘sanitaire’ ? Le pire de ce que l’on pouvait attendre d’un peuple libre qui a su tout au long de son histoire défendre ses valeurs quel que soit le prix à payer. Nous nous sommes soumis sans murmurer à toutes les contraintes, toutes les humiliations que l’on nous imposait. Nous avons écouté, muets et consentants, nos gouvernants et nos médecins nous traiter jour après jour comme des gamins débiles, immatures et indisciplinés.
Beaucoup d’entre nous ont vendu leur âme en suivant leurs consignes de dénonciation des mauvais citoyens qui osaient sortir trop souvent de chez eux pour faire des achats ou un jogging. Un mail de la mairesse d’un arrondissement parisien, que je mets à la disposition de mes lecteurs qui ne me croiraient pas, remerciant ses administrés de leur travail de délation et les rassurant sur sa remontée au commissariat de police d’arrondissement, n’est qu’un exemple parmi d’autres du degré d’abjection qui a pu être atteint en quelques semaines.
Une exception latine à la mode chinoise
On pourra me rétorquer que ce n’était qu’un mauvais moment à passer, que nos dirigeants ont fait au mieux pour que nous puissions retrouver le plus vite possible notre vie bien douillette d’avant, bref que je ne suis qu’un polémiste professionnel prêt à voir le mal là où il n’est pas. Ils feraient bien, avant de raisonner aussi sottement, de se demander pourquoi les gouvernements de nos grands voisins auxquels nous nous comparons sans cesse, Allemagne et Royaume-Uni en tête, ont géré cette crise avec incomparablement plus de respect pour leurs citoyens et leurs libertés publiques que le nôtre.
L’Allemagne a montré l’écart abyssal d’efficacité qui sépare son système de de santé du nôtre, mais aussi que l’on pouvait surmonter ce type de crise sans perdre son âme. Le Royaume-Uni, plombé par un système de santé défaillant, ne s’est pour autant pas écarté d’un iota de ses valeurs fondamentales.
On pourra, à juste titre, m’opposer l’exemple de l’Italie et de l’Espagne, qui n’ont pas hésité à violer aussi grossièrement que nous l’État de droit. J’avoue que ce genre d’argument ne me rassure pas. Ces pays sont des démocraties malades, qui ne se sont jamais réellement remises de la crise de 2008 et qui étaient déjà en pleine tourmente politique et sociale bien avant le début de la pandémie. Le fait qu’on les choisisse comme modèle montre à quel degré d’égarement nous avons pu arriver.
Un autre point qui m’a énormément choqué ces dernières semaines est la fascination malsaine que le modèle totalitaire chinois a pu exercer sur notre classe politique et nos institutions médicales. Remettre en cause la version chinoise de la pandémie a longtemps été un sacrilège. Ne pas gober leur version de la date de début de la pandémie ou leurs statistiques de mortalité était assimilé à du conspirationnisme. Ne pas être béat d’admiration devant l’incroyable efficacité de la mascarade de confinement de Wuhan relevait de la psychiatrie. Ne pas se prosterner devant le génie médical chinois démontrait un manque d’humilité consternant.
Le Professeur Raoult a expliqué cette inquiétante dérive intellectuelle par la peur panique qui s’était diffusée de manière virale dans la population. Je pense qu’il a raison : l’exemple des internes en médecine, tellement terrorisés à l’idée de devoir faire le métier auquel ils se destinent dans des conditions risquées qu’ils en sont arrivés à demander au Conseil d’État de transformer notre confinement en assignation à domicile sans le moindre droit de sortie, notre gamelle nous étant distribuée tous les soirs par des gardes-chiourmes, plaide pour cette thèse. Le Conseil d’État les a certes déboutés pour l’essentiel mais ils ont obtenu gain de cause sur leur demande de limitation stricte de toute activité physique hors du domicile, qui est la négation même de l’éthique de leur profession.
La peur comme facteur explicatif me fait à vrai dire très peur. Car qui l’a créée, qui l’a diffusée jour après jour sans relâche pour briser la moindre velléité de résistance ? L’état et les institutions médicales à son service sont les seuls responsables, ils ont fait du peuple français le plus apeuré de la planète face au virus, comme le montrent d’intéressantes enquêtes d’opinion internationales. Nous sommes donc bel et bien confrontés à un modèle de gestion de crise qui n’a plus de démocratique que l’apparence.
Vers la perpétuation d'un modèle autoritaire ?
Le déconfinement du 11 mai va-t-il nous permettre de remonter la pente et de nous réconcilier avec nos valeurs ? Je n’y crois pas un seul instant. Dans une tribune dans le Monde datée du 1er avril, Madame Belloubet, garde des sceaux, avait affirmé que « L’Etat de droit n’était pas mis en quarantaine pendant la pandémie ». Le fait qu’elle ait choisi cette date pour nous faire avaler un poisson aussi énorme montre qu’à défaut d’être experte en droit constitutionnel, c’est une femme d’esprit, sachant manier l’humour noir avec doigté même dans les pires situations.
Pour qu’on ne s’y trompe pas pour autant, elle avait précisé que les dispositions liberticides prises par le gouvernement ne dureraient que le temps de la pandémie. Cette formulation m’avait immédiatement interpelé. Que pouvait bien signifier « fin de la pandémie » ? Si l’on excepte la variole, aucune pandémie n’a jamais été éradiquée complètement. La grippe saisonnière, qui tue chaque année 650 000 personnes dans le monde, bien plus que le covid-19, vient se rappeler à notre bon souvenir tous les automnes.
La seule méthode efficace pour faire face est l’immunisation de groupe, qui ne peut être atteinte que lorsqu’une certaine proportion de la population, variable selon le taux de reproduction du virus, a été contaminée, ou au travers d’un vaccin. Le confinement étant la négation d’une immunisation naturelle de groupe, nous devrons donc attendre une campagne de vaccination massive, qui n’est pas annoncée avant 18 à 24 mois et qui est de surcroît quasi impossible à mettre en œuvre sachant qu’on ne vaccine jamais plus de 20% d’une population contre la grippe saisonnière.
Le gouvernement a le mérite d’avancer de moins en moins masqué. Tout en faisant mine de créer les conditions d’un retour à l’État de droit, il a prolongé jusqu’au 10 juillet l’état d’urgence ‘sanitaire’. Il a en parallèle mis en place un cadre plus restrictif pour l’Ile-de-France et les régions du nord et de l’est du pays. Ces restrictions seraient justifiées par des ratios de diffusion du virus et de charge des services de réanimations qui devaient nous être communiqués tous les soirs mais qui ne le sont plus depuis la fin de la semaine dernière, sans doute parce qu’ils ne sont plus cohérents avec le discours officiel.
Depuis le 11 mai, nous ne sommes donc pas déconfinés ; nous avons obtenu tout au plus, et par le fait du prince, des allègements de peines, des permissions et des passe-droits qui sont proportionnels à notre utilité économique, le tout dans le cadre d’un état d’urgence de moins en moins sanitaire et de plus en plus politique, qui rejoindra la longue liste de mesures d’exception prévues à l’origine pour quelques mois et qui ont été ensuite inscrites discrètement dans la loi, le dernier exemple en date étant l’état d’urgence consécutif à l’épisode terroriste de 2015-2016, qui a été transposé dans la loi en catimini dans un second temps.
Le Conseil constitutionnel vient de valider la reconduction de l’état d’urgence ‘sanitaire’ mais il a eu la sagesse de retoquer les articles les plus choquants, ceux qui prévoyaient, sous couvert de protection des personnes contaminées et de traçage efficace de la propagation du virus, l’instauration d’une amorce de surveillance numérique généralisée, dans la droite ligne du Patriot Act de Georges W. Bush. Je ne développerai pas plus ce point avant d’avoir une vision plus claire des chemins détournés qui seront pris pour contourner ce veto des sages de la République.
Bienvenue dans le monde d’après que nous nous sommes créé avec allégresse !
Mathias Matallah, CEO
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