- MEDICINE4I
Le saviez-vous ? #2 - Ce médicament peut vous faire prendre 15 kilos !
Dernière mise à jour : 4 oct. 2019
La Dépakine ® a de très nombreux et sévères effets secondaires…
La Dépakine®, commercialisée par le laboratoire français SANOFI, est un puissant antiépileptique qui est aussi fréquemment utilisé hors autorisation de mise sur le marché (AMM) pour le traitement de la migraine ophtalmique, pour lequel son efficacité est validée par de nombreuses études internationales.
C’est donc a priori un médicament efficace, utile pour les patients. Seulement voilà, il a de très nombreux et sévères effets secondaires, ou encore indésirables, qui noircissent sensiblement le tableau. Prescrit à l’origine à des femmes enceintes, il a entraîné de nombreuses malformations et autant de retards de croissance chez les enfants mis au monde par ces femmes.
Depuis 2011, une succession de procédures ont été engagées par les familles de victimes, avec comme point culminant le déclenchement de la première Class Action (procédure collective) dans le domaine de la santé en France. SANOFI a été condamné en appel au civil en novembre 2017 et s’est pourvu en Cassation. Au préalable, le laboratoire avait très élégamment refusé en octobre de la même année de contribuer au fonds d’indemnisation des victimes mis en place par l’Etat, coresponsable de ce drame collectif, au travers de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) qui a en charge, comme son nom l’indique, la sécurité des patients sous traitement et la surveillance des effets secondaires des médicaments commercialisés en France.
Au-delà de ces faits gravissimes, la Dépakine® a de nombreux autres effets secondaires. La notice du médicament les noie dans un inventaire à la Prévert illisible par un malade ordinaire. Le principal d’entre eux est la très forte probabilité d’une prise de poids qui peut aller jusqu’à 15 kilos. C’est la raison pour laquelle de nombreux neurologues ne la prescrivent plus ou en dernière intention, lorsque tous les autres traitements ont échoué, et en informant leurs patients de ce risque. Malheureusement, ces bons médecins sont très minoritaires car comme l’a montré notre étude Harris Interactive / Medicine4i réalisée sur un échantillon représentatif de 4000 personnes, seul 1 patient sur 6 déclare recevoir systématiquement une information exhaustive sur les traitements qui lui sont prescrits.
A la différence du Mediator®, la Dépakine® a prouvé son efficacité et les deux situations ne sont donc pas totalement comparables. Il n’en reste pas moins qu’elle a fait énormément de dégâts et qu’on ne lui a pas retiré l’AMM pour autant. Elle reste prescriptible par n’importe quel médecin alors qu’il est évident qu’une écrasante majorité de généralistes n’est pas suffisamment formée pour la manier dans des conditions de sécurité suffisantes pour les patients.
Une récente commission d’enquête parlementaire sur la psychiatrie a mis en évidence ce problème pour les psychotropes, prescrits essentiellement par des médecins généralistes alors qu’ils sont, selon les rapporteurs, totalement incompétents, faute de formation, dans ce domaine. La neurologie étant aussi complexe que la psychiatrie, les conclusions de ce rapport peuvent lui être étendues sans contestation possible.
Face à cette complexité, les patients sont totalement démunis. La manière dont les notices des médicaments sont rédigées est scandaleuse, tout étant fait pour les rendre, au mieux, illisibles et, au pire, terriblement anxiogènes. L’exemple de la Dépakine® , comme celui du Mediator®, qui n’a été retiré du marché que plus de 10 ans après que la Sécurité sociale ait tiré la sonnette d’alarme, que son inefficacité et sa dangerosité aient été établies par de nombreuses études indépendantes et qu’il ait été interdit dans le reste du monde, montre que leur sécurité n’est pas une priorité pour les pouvoirs publics, plus préoccupés par la bonne santé financière de l’industrie pharmaceutique nationale. Ils n’ont donc pas d’autres choix, s’ils veulent éviter à l’avenir de nouveaux drames, que de se prendre en main et de se doter d’outils, essentiellement digitaux, leur donnant un accès à une information indépendante et transparente.
Nous sommes à leurs côtés, leur combat est le nôtre et nous travaillons activement à la création de ces outils. Notre site d’évaluation des médecins par leurs patients, www.MediEval4i.com , est une première brique qui leur permet de partager leurs expériences de prise en charge médicale et leur donne enfin le droit de savoir qui les soigne. De prochaines briques, concernant les médicaments et leurs effets secondaires, viendront bientôt compléter notre dispositif et nous espérons qu’ils contribueront à mettre fin au monopole de l’information des laboratoires pharmaceutiques et du corps médical.
A suivre : Le saviez-vous ? #3