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La crise des urgences #5 : Le pire reste à venir

Un rééquilibrage ville-hôpital paraît à ce stade la seule voie raisonnable mais il se heurte à un ensemble de réalités, qui sont la conséquence directe des politiques publiques de ces 25 dernières années.


La démographie de la médecine de ville est crépusculaire du fait du numerus clausus instauré dans les années 1990 et l’assouplissement prévu pour 2020 n’aura pas d’effet significatif avant 2030. Celle de l’hôpital est plus favorable du fait de l’emploi massif de médecins étrangers qui ne peuvent pas exercer en ville (originaires essentiellement du Maghreb, l’Algérie ayant fourni pendant la guerre civile le contingent le plus important).


Le gel des honoraires des médecins qui a suivi dans les années 2000 a conduit ces derniers à faire évoluer leur pratique médicale et à privilégier des exercices particuliers, plus lucratifs et peu réglementés. 25 % des généralistes ont un exercice particulier en plus de leur activité traditionnelle selon le CNOM et ces praticiens assurent 40 % de consultations de moins que leurs confrères. Un nombre croissant d’ophtalmologues s’oriente vers la chirurgie et délaisse les consultations, moins lucratives, ce qui devrait aggraver considérablement la situation dans une spécialité où les délais d’attente sont déjà records. Un nombre croissant de dermatologues, gynécologues, dentistes, ORL, etc. s’oriente vers l’esthétique, pour laquelle la demande explose et où les honoraires sont entièrement libres.


Les premières conséquences de cette évolution en profondeur des pratiques commencent à se faire sentir : à titre d’exemple, les délais pour une consultation en dermatologie ont doublé entre 2011 et 2017, passant de 32 à 64 jours, alors que la démographie de cette profession n’est pas critique. Le pire est cependant à venir : nous estimons que le délai moyen d’accès à un spécialiste, passé de 44 jours en 2011 à 67 jours en 2019, pourrait passer à 85 jours en 2025. Dans des régions déjà sinistrées, comme le Grand Ouest, la situation pourrait devenir intenable.


La situation des urgences est donc appelée à se dégrader de manière accélérée dans les prochaines années si on continue à les utiliser comme une médecine de ville bis, ce que les pouvoirs publics font aujourd’hui avec un certain cynisme. Alors qu’ils prônent depuis 15 ans un tournant ambulatoire destiné à transférer en ville un ensemble d’activités dont l’évolution technologique ne justifie plus le traitement à l’hôpital, ils conduisent une politique qui conduit au contraire à réintégrer au sein de l’hôpital toute une partie de la médecine ambulatoire aujourd’hui pratiquée en ville. Ils ne vont cependant pas jusqu’au bout de leur logique dans la mesure où ils demandent à l’hôpital d’assumer ce surcroît de charge à dotation constante, ce qui relève de la mission impossible et qui conduit à une révolte légitime des personnels hospitaliers, aux urgences dans un premier temps.



A suivre : Le saviez-vous ? #1 - 1 malade sur 3 ne reçoit aucune explication sur ses traitements médicamenteux et leurs effets secondaires !

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